Lettre à mon axolotl

Ma toute petite,

Notre rencontre approche : dans plus ou moins un mois, selon ce que tu décideras. Ton frère n'a pas été spécialement pressé, le seras-tu davantage ?


De mon côté je suis partagée entre sidération et émotion, impatience et pointe de nostalgie. Cette grossesse se sera inscrite dans une période vraiment particulière : les grèves de transport, les révisions de concours, et puis le confinement. Ce dernier m'aura épargné les allers-retours vers mon lieu de travail mais le quotidien avec ton frère m'a bien occupé l'esprit. Pas toujours facile de s'imprégner de ce qui sera pourtant sans doute ma dernière grossesse...

Ces derniers temps, j'ai tout de même fait certains choix pour m'éviter les regrets. Déçue de mon suivi, j'ai changé de maternité. J'ai demandé mon dossier à la clinique où est né ton frère afin de mieux comprendre comment s'était déroulée sa naissance. Et j'ai fait appel à une doula pour me préparer à ta naissance à toi, que j'espère le plus physiologique possible. Ton père et moi avons même rédigé avec soin un projet de naissance. Aujourd'hui je me sens presque prête. Certes, la valise ne l'est pas encore tout à fait – on va dire que c'est en bonne voie. Mais le mental, lui, est plutôt bon. Je n'ai pas l'impression de me préparer à une épreuve, mais celle de me préparer à vivre un moment intense avec toi. J'espère que cela fera une différence sur la manière dont je vivrai les choses – mais ça, bien sûr, seul l'avenir nous le dira.

En attendant, j'essaie de savourer cette toute fin de grossesse. Bien sûr, ce n'est pas toujours évident de gérer ce ventre encombrant, cet essoufflement, ces douleurs quand je me lève – surtout avec un petit garçon de deux ans et demi sacrément demandeur d'attention ! Mais il y a aussi tous ces mouvements sous la peau tendue. Depuis le début, tu bouges beaucoup, pour mon plus grand plaisir. Je sais que j'aurai la nostalgie de ces petits coups ressentis de l'intérieur, même si te tenir dans les bras m'aidera à accepter la fin de notre fusion. Alors je caresse encore et encore mon gros ventre et, quand je suis seule – ce qui n'arrive pas souvent –, je te murmure quelques mots doux.

J'ai hâte de te rencontrer, ma toute petite. Hâte de voir si tu ressembles à ton frère, à ton père, ou à moi. Hâte de commencer une nouvelle page de notre histoire commune, celle de ta vie terrestre, celle de ta place dans notre famille de quatre.

Mais ne te presse pas, mon amour. Viens quand tu seras prête.

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