Lettre à mon hippocampe

Mon hippocampe chéri,

Tu viens d'avoir deux ans et demi.

Tu t'exprimes de mieux en mieux, avec des phrases complexes et un vocabulaire varié et tu as toujours une oreille qui traîne pour surprendre les conversations des adultes. Il faut d'ailleurs qu'on se méfie car tu comprends tout, ou presque !

 
Tu aimes courir, sauter, faire de la trottinette et de la draisienne, mais tu es encore loin de tirer tout leur potentiel de ces véhicules. Tu réclames encore souvent les bras en cours de promenade et tu as un peu de mal à accepter mes refus.
Tu manges bien même si tu as tendance à tout noyer sous le ketchup, jusqu'aux crudités ces derniers temps... Les mauvais parents que nous sommes tâchent de se consoler en se disant que ça vaut mieux que de ne rien avaler. Tu es également addict au chocolat...
Tu adores toujours les livres. Parfois, tu lis tes favoris tout seul, en récitant le texte ! Ta mémoire auditive te permet aussi d'avoir un beau répertoire de chansons. Tu aimes beaucoup faire le clown en clamant "Il en faut peu pour être heureux".
Tu voues également une passion sans bornes aux petites cartes plastifiées que t'a fabriquées ton papa, avec plein de personnages de la pop culture. Tu sais quasiment tous les nommer alors que tes grands-parents, eux, sont carrément largués !
Avec les cartes, on joue souvent à la bagarre... Trop souvent... Mais c'est toujours plus reposant pour tes parents que la vraie bagarre, avec des peluches ou des oreillers. On ne sait pas trop d'où te vient ce besoin, peut-être as-tu besoin d'exprimer un trop plein d'énergie ? Dommage qu'on ne puisse pas t'en prendre un peu, si tu veux mon avis !
Enfin, tu aimes beaucoup me demander des dessins. Tes commandes sont très précises et gare à moi si je m'en écarte. Là encore, les personnages sont souvent armés d'épées ou de "pistolets à encre". Le résultat peut être très drôle...
Tu portes encore des couches. À vrai dire, tu ne montres aucun désir de t'en passer. Nous te proposons le pot régulièrement mais ça ne paraît pas t'intéresser. Forcément, la perspective de la rentrée nous inquiète un peu alors nous envisageons de changer de stratégie cet été, mais nous ne voulons pas que ce soit violent pour toi alors nous aviserons.
Nous avons d'ailleurs visité récemment l'école mais je ne sais pas ce que tu en as retenu (elle était vide, protocole sanitaire oblige). Nous étions un petit groupe de deux familles et je t'ai trouvé tout petit en comparaison de l'autre garçon, né en début d'année.
Tu continues également de téter, en dépit de ma grossesse bien avancée. Tu sembles très attaché aux tétées du réveil et du coucher, si bien que je ne me sens toujours pas l'envie de provoquer le sevrage. Je poursuis sur ma lancée en me répétant ce que je me répète depuis le début : je verrai bien...
Tu es très attaché à ta famille. Fusionnel avec moi, tu rejettes parfois un peu ton papa, mais ça ne dure jamais longtemps. Et tu adores aussi voir les autres membres de la famille, qui t'ont bien manqué pendant le confinement.

Voilà ton portrait à deux ans et demi. Je ne suis pas sûre au fond d'en avoir fait le tour. Tu es un presque grand, maintenant, et ta personnalité se complexifie. J'aime toujours te voir grandir.
Pourtant, ces derniers temps, j'ai entendu sur toi des choses qui m'ont déstabilisée et même blessée. Je me suis demandé si nous étions trop indulgents à ton égard, ou trop patients, trop disponibles. Je me suis demandé si je m'aveuglais sur toi et si je devais m'obliger à changer de regard. Je me suis demandé la part de responsabilité que nous avions. Je me suis inquiétée pour ton avenir, pour l'étiquette qu'on risquait de te coller trop vite. J'ai beaucoup pleuré.
Et puis... Je ne sais pas, c'est passé. Parce que je t'ai regardé, encore et encore, sans voir autre chose que ce que je voyais déjà : un petit garçon plein d'énergie, vif et malicieux, capable de grosses colères comme on peut en connaître à deux ans et demi. Un petit garçon demandeur d'attention, de stimulation, et qui a peut-être le tort d'un peu trop bien s'exprimer pour son âge, car alors on attend de lui plus de maîtrise qu'il n'en est capable... ("Il est loin d'être bête, il devrait comprendre !").
Peut-être que je m'illusionne encore mais j'ai décidé de te faire confiance. Bien sûr, nous sommes décidés à rester vigilants. Tu vas connaître bientôt un grand bouleversement avec la naissance de ta sœur, à nous de veiller à ce que tu le vives aussi bien que possible. Nous nous tiendrons également prêts à réagir vite si tout ne se passe pas bien dans tes débuts à l'école.
Mais tu vas encore grandir, je le sais. Et sache bien que, quoi qu'il arrive, ton papa et ta maman t'aiment plus que tout.

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