Vivre avec la peur... Vivre avec Amour

En espérant ne pas avoir été trop maladroite, j'aimerais dédier ce post à Mini Loup, parti bien trop tôt dans les étoiles, et à sa Mummy.


Il est des drames terribles qui paraissent frapper au hasard.
Sans raison. Sans justice.
Laissant derrière eux, derrière leur épouvantable coup de tonnerre, des familles meurtries à jamais.

Tout autour, il y a les témoins que nous sommes. Nous que la déflagration a touchés, forcément, mais jamais autant que ceux qui se trouvaient en son cœur. Nous qui restons impuissants face au chagrin indicible, à la douleur qui dépasse tout ce qu'on pourrait imaginer. Nous qui envoyons des pensées, des petits mots, des prières pour ceux qui croient, dans l'espoir que ces petits riens apportent ne serait-ce qu'une miette de chaleur, qu'un éclat de lumière dans l'obscurité.


Et puis, c'est humain, nous nous retournons vers notre propre bonheur, dont nous mesurons aujourd'hui plus que jamais toute la fragilité. Et tout ce qu'il a d'infiniment précieux, aussi.


Je me rappelle la fin de ma grossesse pour l'hippocampe. J'avais si peur de la mort foetale in utero que je ne souhaitais qu'une chose : que mon fils naisse, car alors on pourrait le surveiller, le protéger, n'est-ce pas ? Je pensais que j'aurais moins peur en voyant mon bébé.
La suite m'a donné totalement tort : sans doute attisées par les hormones, mes angoisses ont pris des proportions presque paralysantes. Tout devenait question de vie ou de mort, même lorsqu'il s'agissait juste de savoir si l'hippocampe était trop couvert ou pas assez. J'étais terrifiée par ma propre responsabilité, mais aussi, et surtout, terrifiée par tout ce qui m'échappait - tout ce dont je ne pouvais pas me prémunir, ni prémunir mon tout-petit.
Peu à peu, la situation s'est apaisée. L'étau qui me comprimait le cœur s'est relâché. À l'époque, je me suis convaincue que c'était parce que l'hippocampe était solide, donc tiré d'affaire. Je me suis persuadée que je n'avais plus tant besoin de m'inquiéter.
Je sais aujourd'hui que les choses sont loin d'être si simples.

Pour autant, il m'aurait été impossible de continuer de vivre dans l'état d'angoisse extrême où je me trouvais. Quand on a peur comme ça, on ne vit pas, on survit. Et on ne profite pas, on reste en suspend.
Ça n'a rien de bon, ça n'a rien de sain.

Et j'ai compris aussi depuis la naissance de l'hippocampe que la peur ne disparaît jamais totalement. Parce qu'elle découle de l'amour. Parce que plus on aime, plus on craint.
Et le danger ne disparaît pas, lui non plus. Il y a les accidents, les maladies. Les drames qui frappent aveuglément.
Le garçon qui vivait derrière chez mes parents est mort dans son sommeil à l'âge de vingt ans. Un problème cardiaque jamais décelé. Quand j'ai appris ça, j'ai pensé à moi, à peine plus âgée que lui, et à la fragilité de ma propre existence. Aujourd'hui je pense aussi à sa mère.
On n'est jamais préparée pour ça, pas vrai ?
On ne devrait jamais avoir à affronter pareille épreuve.


J'ai l'impression que cet article part dans tous les sens, et il y a pourtant longtemps que j'essaie d'en venir à bout.
Ce que j'essaie de dire, c'est que je ne crois pas que ce qui est arrivé à Mini Loup doive nous amener à laisser la peur prendre davantage de place dans nos vies. Je crois que ce serait même contraire à tout ce qu'il représente, à toute la joie qu'apportait son si beau sourire.
Non, il me semble que la vraie réponse, c'est celle que sa si courageuse Mummy a su nous donner : aimons nos enfants.
Aimons-les de toutes nos forces.
Aimons-les chaque jour.
Aimons-les quoi qu'il arrive.
Ce n'est pas la peur qui doit l'emporter, dans cette histoire. C'est l'amour. Toujours l'amour.

J'ignore quel pouvoir consolateur peuvent avoir ces mots, tant il est vrai que parfois l'on souffre si fort d'avoir aimé, d'aimer encore.
Je crois pourtant que cela reste une vérité assez douce à se rappeler : aussi brève qu'ait été la vie de Mini Loup, elle a été pleine d'amour, de tellement d'amour.
Et c'est ce qui compte par-dessus tout.

Toutes mes pensées à la Mummy de Mini Loup et à sa famille.

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