Du suivi de grossesse et du choix du lieu d'accouchement

Pour l'hippocampe, je ne me suis pas posé trop de questions concernant le suivi de grossesse. J'ai d'abord vu ma gynécologue de ville, puis le gynécologue de la clinique où j'avais choisi d'accoucher a pris le relais à partir du septième mois. Le choix de la clinique lui-même s'est fait sur un critère des plus pratiques : elle se situait à seulement quelques minutes à pied de mon domicile de l'époque – ça compte, quand le futur papa n'a pas le permis ! Pour la préparation à l'accouchement, j'ai également suivi celle, classique, proposée par une sage-femme libérale au sein de la clinique.
Néanmoins, j'ai très vite eu le sentiment que ce parcours ne m'avait pas apporté tout à fait ce que j'en espérais.


 Pour ma seconde (et sans doute dernière) grossesse, je me suis prise à rêver à tout autre chose. Je voulais de l'humain, du chaleureux, du personnalisé.
Je voulais m'autoriser à choisir sur des critères autres que la praticité.
Je n'ai pas tardé cependant à déchanter, car les obstacles sur ma route se sont révélés assez nombreux.

Le premier, et non le moindre, est mon statut de future maman déjà césarisée. Cela élimine déjà plusieurs options : je ne sais pas si je me serais vraiment lancée dans un accouchement à domicile, même si ça me fait un peu rêver, mais j'aurais envisagé sérieusement une maison de naissance si la possibilité m'en avait été donnée. Sauf que non, ce n'est même pas la peine d'y songer.

Se pose ensuite la question du secteur où l'on habite. Même en élargissant mon champ de recherches, je n'envisage pas d'accoucher trop loin de mon domicile. Là aussi, cela restreint les options : techniquement, j'ai le choix entre trois maternités (dont celle où j'ai accouché de l'hippocampe, qui reste la plus proche), et aucune ne propose par exemple de salle nature.

J'avoue que cela me peine beaucoup de me dire que, à notre époque, on ne peut pas toujours tout à fait accoucher comme on en aurait envie (toute considération médicale bien entendu mise à part). Mais voilà : j'ai donc dû assez vite faire le deuil du lieu d'accouchement idéal.

Il demeurait la question du suivi, et j'ai décidé de me faire accompagner par une sage-femme cette fois-ci. Je l'ai choisie avec soin, proche de notre gare d'arrivée sur Paris. Malheureusement, j'ai joué de malchance dès le début : le premier rendez-vous, que j'attendais avec beaucoup d'impatience, tombait début janvier en plein dans les grèves de transport. Ce matin-là, une combinaison "vomissement à l'heure du départ prévu" + "hippocampe qui supporte mal la séparation chez la nounou" nous a fait manquer notre train de quelques minutes à peine. Le suivant, grève oblige, nous faisait arriver en retard de 20 minutes.
J'ai appelé la sage-femme pour expliquer la situation et m'excuser. À ce jour je ne saurais toujours pas dire si j'ai été maladroite dans mes excuses, mais elle ne s'est pas du tout montrée compréhensive, au contraire. Elle m'a vertement reproché de ne pas avoir pris mes précautions alors qu'elle-même s'était levée tôt pour honorer notre rendez-vous. J'ai raccroché en pleurant et j'ai annulé le deuxième rendez-vous que j'avais bloqué dans la foulée du premier. Après cette mésaventure, j'étais tellement mal que j'ai cherché la solution la plus rapide possible, et j'ai finalement pris rendez-vous avec une sage-femme libérale dans la clinique où j'ai accouché de l'hippocampe.

Et c'est ici qu'intervient un ultime obstacle, et non des moindres : moi-même. Mon caractère, mes problèmes, mes angoisses. Car oui, je crois qu'il faut que je l'admette, j'ai un souci avec le corps médical. J'ai du mal à m'affirmer face à un médecin, je me sens très vite infantilisée, et ensuite je ressasse. J'ai conscience que cela vient en bonne partie de moi-même mais l'attitude de la personne en face compte malgré tout énormément : quelqu'un d'empathique, qui prendra le temps de m'écouter, qui me donnera l'impression de me prendre en considération, me fera beaucoup de bien – là où quelqu'un d'expéditif, de péremptoire, de catégorique, m'intimidera et me laissera le sentiment amer de ne pas avoir su m'exprimer.

Au bout de plusieurs rendez-vous, je crois pouvoir dire que je n'ai malheureusement (encore) pas tiré la bonne carte avec ma sage-femme. Elle n'est pas méchante. J'ai longtemps répété que je n'avais rien de concret à lui reprocher. En fait, j'avais vraiment très envie que cela marche, très envie que cela corresponde à mes souhaits. Mais les rendez-vous se succédant, je dois admettre qu'il n'en est rien.

Cela a commencé dès le premier rendez-vous, lorsqu'elle a minimisé mes nausées sans même vraiment prendre la peine de m'écouter pour en évaluer l'ampleur. Elle m'a même clairement laissé entendre que mon médecin traitant avait été bien gentil de m'arrêter pour ce motif. Elle a désapprouvé mon traitement médicamenteux en me conseillant à la place "des gélules de gingembre" ou "de l'eau avec du citron au réveil". J'ai tenté les premières (j'étais nauséeuse toute la journée, pas seulement au lever), sans aucun effet sur mes nombreux vomissements – inutile de dire que j'ai continué de prendre mes médicaments. Ah, et ma reprise du travail s'est soldée par un retour chez mon complaisant médecin traitant, parce que ça fait plutôt mauvais effet de vomir dans la poubelle du bureau commun.

J'aurais peut-être dû déjà réagir, surtout que j'ai eu beaucoup de mal à encaisser le sentiment de profiter du système en me faisant arrêter pour ce qui semblait "si peu". Mais j'ai poursuivi avec elle, pour me rendre compte petit à petit que j'avais finalement droit au même type de suivi que pour l'hippocampe : la même impression d'être un dossier parmi d'autres, les mêmes examens prescrits de manière systématique. Avec, en plus, une pression sur mon poids : elle m'a ainsi reproché d'avoir pris 2 kg en un mois, sans considérer que c'étaient les 2 premiers kg que je prenais pour cette grossesse.

Lors de notre dernier rendez-vous, début mars, le vase a débordé face à une approximation flagrante vis-à-vis de résultats qui nous inquiétaient, Glenn et moi. Je suis sortie en me disant que je voulais changer de suivi – un choix lourd de conséquences puisqu'il impliquait, pour moi, de changer de lieu d'accouchement, afin de ne pas risquer de la croiser dans la petite clinique où elle reçoit en consultation (j'aurais pu aussi choisir de m'en moquer, mais ça ne colle pas avec mon caractère, cf plus haut). On a beaucoup discuté avec Glenn, beaucoup pesé le pour et le contre.

Et puis le confinement est passé par-là. Je vous laisse imaginer comme il peut être difficile de trouver une nouvelle sage-femme dans un tel contexte... Et en deux semaines, je n'ai jamais réussi à joindre au téléphone la maternité dans laquelle je souhaitais m'inscrire (je ne sais pas combien de temps il faudrait laisser sonner le téléphone... Ou alors rappeler, rappeler, rappeler ? Bref, autant d'attitudes que je n'arrive pas à avoir, moi qui dois déjà rassembler tout mon courage pour composer une fois le numéro !).

Me voilà déjà à presque cinq mois de grossesse. Et je vais retourner voir ma sage-femme. Résignée, sans doute, à ne jamais vivre ce que j'espérais. Et préparée à me faire disputer, par-dessus le marché, puisque avec le confinement j'ai pris du poids en dehors de tout contrôle (on ne parle plus de 2 kg en 1 mois mais de 4 en 1 mois et demi, elle va grimper au plafond !).

On verra bien. De toute façon, même si ni le suivi ni l'accouchement ne devaient se dérouler comme je le souhaite, je garde à l'esprit que l'essentiel reste ma santé et celle de l'axolotl.

PS : c'est une fille...  Si tout va bien, Glenn va rencontrer sa petite princesse.

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