Vacances à trois

Le temps file, comme toujours, et plus de la moitié de l’année scolaire s’est déjà écoulée. Mon envie d’écrire ici ne s’est pas tarie. Les mots s’agencent dans ma tête, sous la douche ou sur le trajet entre ma station de métro et le collège. Mais les poser sur l’écran me demande une disponibilité toujours compliquée à trouver dans un quotidien bien rempli. Et pourtant, je sors tout juste d’une période de vacances…

Les vacances, c’est précisément le sujet que j’avais envie d’évoquer aujourd’hui. Je n’ai jamais caché qu’elles ont pesé un poids considérable dans ma décision de me reconvertir. Pourtant, je dois avouer qu’elles m’ont aussi longtemps fait peur.

Il faut dire que la grâce du Covid et du 100 % télétravail m’ont évité les vacances en solo pendant une période miraculeusement longue : Glenn n’a repris en présentiel qu’à la rentrée de septembre 2021 – et encore, seulement trois jours par semaine. Avant les vacances d’automne 2021, je n’avais donc encore jamais eu à gérer mes deux enfants sans un autre adulte sous notre toit. Évidemment, Glenn travaillait et je ne le dérangeais pas toutes les minutes. Mais s’il y avait une urgence quelconque, je savais que je pouvais l’appeler, et ça changeait tout.

J’ai donc vu arriver avec appréhension la première journée où je ne bénéficierais plus de cet appui et où je ferais face, définitivement seule, à un hippocampe de trois ans et dix mois et à une axolotl de quinze mois – moi qui à peine plus d’un an plus tôt, en plein marasme du quatrième trimestre, avais l’impression de faillir à remplir leurs besoins contradictoires.

Et, vous savez quoi ? Ça s’est bien passé. Je me suis découvert une compétence nouvelle. Ou plutôt, je nous ai découvert des compétences nouvelles. Car mes enfants aussi ont grandi. Notre équipe ne cesse de se recomposer, de se rajuster, mais petit à petit je sens que les choses roulent mieux. Cette expérience m’a confirmé encore une fois que le métier de maman se construit pas à pas, et que rien n’est figé. Ça m’a aussi montré que, parfois, c’est en sautant dans le grand bain qu’on s’aperçoit qu’en réalité on n’a déjà plus besoin des brassards. Moi qui me suis pendant de longs mois sentie incapable de m’occuper correctement de mes deux enfants à la fois, je peux désormais valider la compétence « S’occuper de deux jeunes enfants et garder la maison dans un état à peu près valable » (mais j’attends encore de valider « S’occuper de deux jeunes enfants et avancer dans les chantiers plus importants » et surtout « S’occuper de deux jeunes enfants et se ménager du temps pour soi »).

Bien sûr, tout n’est pas toujours rose – mais je sais que même les journées difficiles ont une fin. Aujourd’hui, je peux dire que j’aime les vacances avec mes enfants. Ce ne sont clairement pas les périodes reposantes que ça pouvait être dans ma vie d’avant, mais ce sont des moments précieux pour nous trois. Et, à vrai dire, la seule chose qui me réjouisse à l’instant de retourner au travail, c’est justement la perspective de retrouver un peu de temps pour moi. On peut supposer que le fait que les vacances aient un terme nourrisse cette acceptation sans réserve de cette parenthèse à trois, et qu’il en serait autrement s’il s’agissait de mon quotidien tout au long de l’année. De toute façon, la question ne se pose pas pour l’instant car je ne pourrais pas me permettre financièrement de cesser de travailler.

Finalement, ce qui m’embête le plus, avec ces vacances, c’est la dissymétrie que ça entérine par rapport à Glenn, lui qui ne bénéficie que des cinq semaines de congé réglementaire. Car puisque je me découvre de nouvelles compétences en me confrontant au quotidien en solitaire, cela creuse forcément un écart d’aptitude, d’habitude et de confiance. De là découle un trop courant « Mais avec toi, ce n’est pas pareil » – qui dans notre cas a certes un fond de vérité, puisque je suis une maman qui allaite, une maman qui materne, et que nos encore tout petits enfants m’ont clairement investie comme leur figure d’attachement principale… mais qui, à mon avis, se renforce aussi et surtout dans ce décalage d’expérience. À force de faire, on apprend, on s’améliore. C’est vrai en parentalité comme en tout, n’est-ce pas ? Malheureusement, notre situation actuelle ne nous permettra pas dans l’immédiat de rétablir l’équilibre entre nous. Tant pis : je sais qu’il n’en profitera pas pour se mettre en retrait, il joue pleinement son rôle lorsqu’il est là. Le temps fera le reste, et un jour lui non plus ne craindra plus de se retrouver en tête à tête avec nos deux gnomes.

Et chez vous, les vacances avec enfants, ça se passe comment ?





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