Au commencement, il y a eu l'attente

J'ai longtemps eu pour projet d'être maman à vingt-cinq ans au plus tard. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi, mais celles qui ont des enfants tôt par rapport à la norme actuelle (en gros, entre vingt et vingt-cinq ans) ont toujours suscité chez moi de l'admiration et même de l'envie. Peut-être était-ce pour moi une façon de me démarquer de mes parents, qui ont eu leurs trois filles assez tard ? Toujours est-il qu'en rencontrant Glenn à quinze ans et en me mariant avec lui à vingt-trois, j'avais semble-t-il de bonnes chances de réaliser mon idéal.


Mon parcours tout tracé a cependant connu une première déviation : à vingt-trois ans, j'étais aussi en pleine remise en question professionnelle. J'en reparlerai peut-être, mais ça a été une période très difficile pour moi, qui s'est soldée par une démission et un projet de reconversion relativement hasardeux. Comment envisager d'avoir un enfant dans ces conditions ? Je me rappelle très bien de ce retour de Yosemite vers San Francisco, à la fin de notre voyage de noces, l'été 2014 : j'ai été submergée par une vague de nostalgie, de tristesse, parce que notre séjour touchait à son terme mais aussi parce que je n'avais plus de beau projet en perspective. Devant moi, il n'y avait que le flou, l'incertitude de ma reconversion, et cela me faisait d'autant plus peur que je savais que nous ne pourrions pas parler enfant avant d'être fixés sur mon devenir professionnel.

La chance (et peut-être aussi le travail... syndrome de l'imposteur, on en parle ou bien ?) a voulu que ma tentative de reconversion fonctionne : j'ai réussi mon concours, j'ai fait mes débuts dans un nouveau travail qui m'a énormément plu. L'horizon se dégageait, mais nous voulions attendre que je ne sois plus stagiaire avant d'entreprendre quoi que ce soit.

Été 2015 : nous sommes en vacances au bord de la mer, quand Glenn m'annonce tout à coup qu'il est prêt. Je me souviens de notre bonheur d'alors, de notre excitation mêlée d'un peu de stress. Cette fois, ça y était : nous allions nous jeter à l'eau, nager dans le grand bain. Notre vie allait changer. Sur mon impulsion, nous déménageons au début de nos essais pour un trois pièces dans un coin plus verdoyant de la banlieue parisienne.

Été 2016 : nous sommes en vacances au bord de la mer, et le bébé tant espéré n'est pas là. Dans notre trois pièces, la chambre vide nous nargue. Un an d'essais, ce n'est sans doute pas grand-chose, mais c'est suffisant pour nous serrer le cœur. C'est suffisant aussi pour nous amener à faire des examens plus ou moins désagréables...

Les résultats ne sont pas tous bons. On commence à nous parler de PMA, et je ne sais pas du tout ce que j'en pense. Jusqu'où suis-je prête à aller pour avoir cet enfant ? Alors en attendant, nous nous investissons dans d'autres projets : nous allons faire construire une maison. Et l'été 2017, si rien n'a changé, nous adopterons un chien (pas en remplacement du bébé, je vous rassure : c'était quelque chose que je souhaitais depuis longtemps sans que les conditions soient suffisamment favorables pour qu'on se décide à sauter le pas...).

Je m'en veux un peu de sembler donner raison à ceux qui répètent que "Tout ça, c'est dans la tête" ou que "Il faut penser à autre chose", mais c'est évidemment à ce moment de l'histoire que l'hippocampe s'est décidé à entrer dans nos vies, après un peu plus d'un an et demi d'attente. Nous sommes en avril 2017 : je ne serai pas maman à vingt-cinq ans, ni selon toute vraisemblance (et c'est préférable) à vingt-six. Peut-être est-ce mieux ainsi : l'attente m'a fait grandir et m'a fait comprendre qu'au fond on ne maîtrise pas grand-chose.

Et surtout, l'attente m'a conduite à lui, ce petit bout de chou qui dort dans l'écharpe contre moi. Mais il reste quelques épisodes avant d'en arriver là...

Commentaires

  1. Ton commentaire sur mon dernier article a éveillé ma curiosité, le pseudo et la photo m'ont instantanément rappelé de vieux souvenirs :) Je suis ravie de pouvoir te lire à nouveau ici, et bienvenue à ton petit hippocampe alors qui ne doit pas être beaucoup plus jeune que mon Charles :) .

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    1. Merci pour ce gentil commentaire !
      J'avoue que j'ai longtemps été une lectrice très assidue mais silencieuse... J'essaie depuis quelque temps de combattre ma timidité, même si l'arrivée de l'hippocampe dans ma vie ne me facilite pas les choses en terme de disponibilité !
      Il n'est pas beaucoup plus jeune, en effet, même si à leurs âges ça représente encore un gouffre :)

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