Premier trimestre honni

Pendant la période des essais, j'étais concentrée sur notre objectif final : un deuxième enfant, sans trop d'écart avec notre hippocampe. J'ai soigneusement occulté le chemin à emprunter pour y arriver. Bon, je n'étais pas totalement inconsciente : je me rendais bien compte que passer l'écrit de mon concours (ou pire, l'oral) en plein début de grossesse ne serait pas exactement l'idée du siècle - raison d'ailleurs pour laquelle j'étais si abattue à l'idée que cela n'avait toujours pas fonctionné.

Et finalement, ça a marché. Lumi et Glenn sur un petit nuage. On a même commencé assez tôt à en parler à l'hippocampe.

C'est à ce moment-là que j'ai mobilisé toute ma volonté, persuadée qu'en le voulant très fort je pourrais éviter de revivre un premier trimestre calamiteux comme pour l'hippocampe. D'ailleurs il y avait déjà une différence fort positive : pas de métrorragies cette fois, ce qui est quand même mieux pour mon niveau de stress (sans parler de celui de Glenn).

Pour l'hippocampe, tout s'était dégradé de manière très brutale. Un vendredi matin, à peu près à un mois de grossesse, je me suis réveillée barbouillée. La journée s'est passée sans que mon état ne s'améliore, et j'avais de plus en plus de mal à m'alimenter. Ce weekend-là, nous devions partir avec des amis chez des amis communs. Impensable d'annuler, mais je leur dis la vérité sur mon état. Je nous revois ce vendredi soir-là : Glenn et nos amis qui partagent une bonne pizza, et moi qui peine à avaler quelques gorgées de bouillon... Le lendemain matin, je vomis pour la première fois. On prend la route quand même... Mais bien sûr je saute mon tour au volant. La suite n'a fait qu'empirer. Je n'arrive plus à manger, à peine à boire. La nuit suivante est affreuse : je souffre d'hypoglycémie et je n'arrive pas à dormir, mais je vomis tout ce que j'avale. Finalement, c'est mon amie qui me "sauve" : elle est enceinte de 5 mois et me donne les médicaments que son gynécologue lui avait prescrits. Entendons-nous bien : l'automédication, c'est mal, et sans doute encore plus pendant la grossesse... Mais à ce stade je suis désespérée et ce traitement m'offre un sursis très relatif, mais bienvenu. D'ailleurs c'est le même traitement que me prescrira ma propre gynécologue, deux jours plus tard, à mon grand soulagement.
Rien, absolument rien ne m'avait préparée à la violence de ces nausées. Psychologiquement, c'est très dur à encaisser. Cela durera encore quelques semaines, avec des hauts et des bas, avant que je ne puisse enfin reprendre le chemin du travail et d'une vie normale.

Vous comprendrez donc que je nourrissais quelques craintes pour cette seconde occurrence. Au début, j'ai cru bien m'en sortir : je commençais à être nauséeuse mais je gérais plutôt bien en grignotant des noix de cajou à longueur de journée (maintenant, leur seule évocation me donne envie de vomir, c'est malin - surtout que j'avais constitué un énorme stock, mais passons). En parallèle, c'était en revanche un peu difficile d'aller travailler en dépit de la grève. Et puis un rhume hérité de l'hippocampe m'a mise par terre... Et là, c'est allé de mal en pis, jusqu'à ce que les vomissements commencent et que je me résigne à reprendre le traitement médicamenteux.
Pendant un moment, j'ai pu me bercer de l'illusion d'avoir tenu un peu plus longtemps que pour l'hippocampe - jusqu'à ce qu'une écho de datation remette les choses en place : il y aurait 10 jours de décalage par rapport au calcul classique SA/SG... C'est donc cette fois encore aux environs du 1er mois que j'ai capitulé.

Deux semaines que cela dure. Deux semaines que j'ai passées pour l'essentiel avachie dans mon canapé ou celui de mes parents, un seau prudemment installé à proximité. Deux semaines que les nausées ne me laissent aucun répit.
Si je veux être complètement objective, je dois quand même noter que je suis un chouïa moins malade que pour l'hippocampe : j'arrive à lire, par exemple, ce qui m'a longtemps été impossible la première fois. J'arrive aussi à boire et à m'alimenter à peu près régulièrement. C'est un progrès qu'il me faut souligner.
Cependant, entre cette fois dans l'équation un petit bonhomme de deux ans qui ne comprend pas pourquoi sa maman ne peut plus jouer avec lui comme avant. Et ça, c'est quand même plus difficile à gérer que ma première grossesse, où je pouvais rester échouée toute la journée sans grande conséquence, et où Glenn comme moi n'avions à nous occuper que de moi-même.

Cette fois encore, le moral en prend un coup.
Il y a des moments où je me trouve abominablement chochotte - mais comment font les autres ?
D'autres où je me dis que ce n'est pas juste, et où je me complais dans un auto-apitoiement mâtiné de rancœur aigrie face à tous les témoignages de débuts de grossesse sans gros inconfort.
Je crois qu'il faut le vivre pour comprendre comme cela peut être éprouvant.
Bien sûr, c'est pour la bonne cause. Mais pour l'hippocampe je n'en pouvais tellement plus que je me souviens m'être réfugiée derrière la pensée que au moins, si ça s'arrête, j'irai mieux. J'attendais cette grossesse depuis plus d'un an et demi... C'est vous dire la détresse dans laquelle on peut se retrouver.
Cette fois, je ne peux pas me dire ça. Parce que je sais ce qu'il y a au bout du chemin. Parce que je souhaite très fort ce deuxième enfant. Et parce que bon sang, je ne veux surtout pas en repasser par là !

Je m'accroche à l'idée que chaque jour qui passe me rapproche du moment où ça ira mieux, mais comme j'aimerais voir le bout du tunnel !
Alors en attendant je tente des petites choses pour aller mieux - et je dépense beaucoup (trop) d'argent dans des médecines alternatives (mais soyons honnêtes, je pourrais mettre très cher si on me garantissait une efficacité à 100%).
Si je me base sur ce que j'ai vécu pour l'hippocampe, dans 2-3 semaines tout devrait me sembler plus gérable. Je reviendrai alors peut-être avec un poste moins démoralisant...
Mais bon, c'est aussi à ça que sert un blog, pas vrai ?

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