Reconversion : bilan un an après

 Alors que la rentrée se profile (j'ai effectué ma pré-rentrée mais pas encore de journée dans le CDI de l'établissement), je me suis dit qu’il était peut-être temps de dresser ici un petit bilan de cette (nouvelle…) reconversion. Le processus n’est à vrai dire pas totalement terminé : en effet, bien que toutes mes évaluations aient été positives, je ne totalise pas assez de jours de stage en raison de mon congé maternité en début d’année dernière. Mon stage a donc été renouvelé jusqu’en décembre (quant à ce que je deviendrai après… je l’ignore : bienvenue dans les rouages administratifs complexes de l’Éducation Nationale).

Alors, qu’a donné cette première année de stage ?

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a été intense. Mener de front ce stage et notre première année à quatre, c’était un challenge (et comme si ça ne suffisait pas j’y ai ajouté la promotion de mon premier roman, j’avais peur de m’ennuyer, vous comprenez ?).

Cependant, les circonstances particulières, aussi désagréables soient-elles par ailleurs, nous ont aidés au niveau personnel : ma formation s’est faite exclusivement en distanciel, ce qui m’a permis de ne passer que deux jours par semaine loin de ma famille. Cela m’a épargné de la fatigue et a facilité l’allaitement, puisque je n’ai eu à gérer que deux jours de tirages quotidiens. De plus Glenn a quant à lui fait toute l’année en télétravail, donc il était toujours présent pour nos enfants (dont s’occupait par ailleurs une nourrice à domicile, hein, il n’aurait pas pu travailler autrement…). Cela a donc permis un rythme plus doux que si nous avions été tous les deux à temps plein en présentiel.

J’ai quand même dû bien sûr fournir beaucoup de travail, parfois à la dernière minute, avec le soutien de ma famille chaque fois que c’était nécessaire. Même si cela a été stressant, j’en ressors avec peut-être davantage de confiance en moi, car j’ai obtenu des retours très positifs alors que j’avais parfois l’impression de devoir bâcler faute de temps. Alors oui, j’ai pleuré quelquefois, je me suis arraché les cheveux, j’ai râlé sur les obligations qu’on nous imposait… mais j’ai tenu bon et j’en suis plutôt fière.

Ce retour au sein de l’Éducation Nationale m’a permis aussi de prendre conscience que j’avais grandi. Vraiment. Celle que j’étais il y a presque dix ans était terrorisée de se retrouver plongée dans le grand bain sans qu’on daigne lui jeter la moindre bouée. Aujourd’hui je déteste toujours la manière dont on accompagne l’entrée dans le métier des professeurs débutants (malgré les changements apportés entre-temps à la formation), mais j’arrive à prendre plus de distance. Parce que je suis mère. Parce que j’ai davantage confiance en mes propres compétences, aussi. Et ce n’est pas qu’une impression personnelle, semble-t-il, puisque dès la première visite de mes tuteurs ils ont exprimé qu’ils me trouvaient « très à l’aise avec les élèves ». L’ancienne moi en tomberait des nues, je crois.

Mais le métier, alors, m’a-t-il plu ? Le bilan est mitigé. Je pense toujours qu’il peut me plaire mais j’ai encore plus qu’avant conscience de l’importance du contexte de l’établissement. Celui où j’ai effectué mon stage ne m’a pas vraiment convenu de ce point de vue-là. J’ai eu du mal à organiser des séances et, en partie à cause du Covid et du confinement, en partie à cause d’autres problèmes, aucun projet n’a réellement abouti. C’est pour le moins frustrant… Et je dois avouer qu’à l’heure actuelle mon ancien métier me manque beaucoup, beaucoup.

Bien sûr, je ne regrette pas pour autant cette reconversion : je sais que d’un point de vue familial, elle nous a apporté beaucoup de positif. Les samedis en famille sont précieux. Les vacances scolaires également.

Et je suis consciente que d’autres paramètres jouent dans cette nostalgie et cette réticence à reprendre : ma situation est toujours compliquée, le poste dans lequel je vais arriver est forcément provisoire (je ne sais même pas si j’y resterai au-delà de décembre, c’est pour dire…), tant que je serai en stage je ne serai en établissement que deux jours par semaine, bref c’est un imbroglio qui empêche toute projection à long terme. Et personne ne m’attend puisque personne ne me connaît. Le contraste est saisissant avec mes anciens collègues, que j’ai enfin revus à l’occasion de mon pot de départ puis de deux pique-niques avec mes enfants cet été : ils m’apprécient, ils reconnaissent la qualité de mon travail. Alors quand je songe au mal fou que j’ai eu, l’année dernière, pour trouver des professeurs avec qui collaborer… Forcément, j’ai un pincement au cœur.

Cela dit, l’année à venir se déroulera peut-être d’une autre façon – et je l’espère fort. D'ailleurs j'ai été très bien accueillie lors de ma pré-rentrée et le contexte d'établissement s'annonce très différent de ce que j'ai connu (un quartier plus difficile mais une équipe plus dynamique, avec beaucoup de projets). Il reste vrai que, pour le moment, j’ai l’impression d’avoir laissé derrière moi la période la plus heureuse de ma vie professionnelle…

Mais personne ne peut savoir de quoi l’avenir sera fait. Et une part optimiste de moi caresse l’idée que ce changement professionnel est peut-être précisément ce qu’il me fallait pour enfin diriger mes efforts vers ce qui est depuis toujours mon véritable rêve : construire une carrière professionnelle d’autrice et, peut-être, un jour en vivre. Qui sait ?

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