Le séjour à la maternité - partie 2

L'hippocampe n'était plus au chaud de mon ventre, c'était désormais un bébé tout ce qu'il y a de plus réel, de plus merveilleux, de plus déconcertant. Il me fallait apprendre à m'en occuper, mais c'est difficile quand la douleur liée à l'opération vous laisse clouée au lit. Les premiers soins, les premiers changes ont eu lieu loin de moi. Même le prendre dans son berceau me coûtait beaucoup d'efforts (j'ai béni le moteur du lit, ainsi que la poignée pour se redresser...).

La première nuit, on m'a proposé de le prendre en nurserie. J'ai refusé pour finalement craquer vers 4h du matin : il ne dormait pas, pleurait, et je n'arrivais pas à l'apaiser. J'étais épuisée : je n'avais presque pas fermé l'œil depuis l'opération. Quand on l'a emmené, j'ai pleuré... Puis j'ai dormi un peu. On me l'a rendu lavé, il sentait le savon. Cela m'a serré le cœur.

Le jour suivant, on a commencé à m'inquiéter avec la perte de poids de mon bébé. Celle-ci n'était pourtant pas excessive (elle ne dépassait pas les fameux 10%, même si elle s'en rapprochait) et je n'avais pas encore eu ma montée de lait : il me semblait compliqué, dans ces conditions, de remplumer mon petit bout... On m'a alors recommandé de beaucoup le stimuler, car c'était un petit téteur, et de ne pas laisser passer plus de trois heures entre les tétées. Le soir-même, l'hippocampe a dormi non stop de 17h à minuit... Et moi, au lieu d'en profiter pour dormir aussi, je m'angoissais de ne pas réussir à le réveiller, de ne pas réussir à le faire téter !

Petit à petit, cependant, les choses se sont mises en place : j'ai eu ma montée de lait et l'hippocampe s'est mis à téter correctement (j'ai bien senti la différence !). Côté stimulation, on a mis le paquet : Glenn lui tripotait les pieds, moi les oreilles... Avec tout ça, il a commencé à reprendre du poids. Mon angoisse, elle, n'est malheureusement pas vraiment redescendue. Il faut dire que je ne dormais vraiment pas assez : dès que je reposais l'hippocampe dans son berceau, il pleurait... Il ne s'apaisait que dans mes bras. Mais moi, j'avais alors bien trop peur pour m'abandonner au sommeil : mon lit n'avait pas de barrières (du moins c'est ce que j'ai pensé : personne en tout cas ne m'a jamais dit ni montré qu'on pouvait les relever...).

Mon moral a dégringolé. J'appréhendais ces interminables nuits seule. Je pleurais assise au bord de mon lit, en berçant mon hippocampe... Je lui disais que ce n'était pas de sa faute, qu'il était le bébé dont je rêvais. Le lundi soir, j'ai pris sur moi de me confier au personnel de la maternité. Cela m'a fait du bien sur le moment, et l'auxiliaire de puériculture a promis de venir me montrer comment emmailloter mon bébé pour la nuit afin de nous permettre à tous les deux de dormir. Elle est en effet venue, elle m'a soutenue... Mais ça n'a pas fonctionné. Elle a fini par repartir aider quelqu'un d'autre en me disant qu'elle reviendrait... et elle n'est pas revenue. Peut-être s'est-elle dit que nous nous étions endormis, comme il n'y avait plus de bruit dans la chambre ? En réalité l'hippocampe s'était endormi sur moi et j'attendais désespérément son retour. Cette promesse non tenue, même si je la comprends, m'a fait beaucoup de mal.

Le lendemain, l'hippocampe devait voir le pédiatre. Celui-ci s'est montré très satisfait de sa prise de poids et de sa santé générale, et s'est étonné qu'on ne nous ait pas proposé une sortie ce même jour. Consultées, les sages-femmes ont expliqué qu'elles ne voulaient pas me mettre dehors... Après avoir un peu hésité, j'ai néanmoins décidé de sortir : je n'étais pas prête psychologiquement, mais au moins je ne vivrais plus une nuit toute seule. Autant dire que tout s'est fait un peu dans la précipitation : du côté de Glenn, ménage et courses, de mon côté, ranger toutes mes affaires. Ma mère est venue nous aider et a apporté à ma demande des chocolats pour l'équipe. Après une procédure de sortie qui m'a semblé interminable, nous nous sommes retrouvés dehors tous les quatre : ma mère, Glenn, moi, et l'hippocampe dans son cosy pour les quelques minutes de marche qui nous séparaient de chez nous.

La fin d'une étrange parenthèse, entre les quatre murs d'une chambre que je n'ai pas osé quitter de tout mon séjour... Et le début d'une nouvelle aventure.

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