Vivre une seconde grossesse... quand tout se bouscule

Je l'ai beaucoup entendu dire ou lu ici et là : on ne vit pas une seconde grossesse comme sa première, lorsqu'on n'a à peu près rien d'autre à faire que se caresser le ventre avec un sourire béat. Cette idée ne me plaisait pas trop, peut-être parce que je suis moi-même une cadette... Pourtant je ne pourrai pas la mettre en défaut. J'approche de la moitié de ma grossesse et j'ai encore du mal à réaliser, même si l'axolotl sous mon nombril se manifeste avec de plus en plus de régularité.

 Il faut dire que, depuis le début, rien ne m'aide à me poser : comme la première fois, j'ai vécu un premier trimestre éprouvant... avec la difficulté supplémentaire de gérer mon petit hippocampe de deux ans. Et le tout sur fond de grève des transports particulièrement suivie (quand on habite à plus d'une heure de son travail, ça compte). Heureusement, j'ai pu compter sur le soutien de Glenn et de ma famille. Je ne sais pas comment je me serais débrouillée sans cela... (récemment, l'hippocampe est tombé sur le seau que je trimballais absolument partout avec moi durant cette difficile période : "Oh, maman ! J'ai retrouvé le seau à toi ! Pour cracher !").

Et puis il fallait aussi compter avec la reconversion que je tente cette année. Je me suis rendue à l'écrit du concours interne encore très nauséeuse... et pour cause, j'enchaînais en réalité les nausées du premier trimestre avec une bonne vieille gastro. Évidemment, mes révisions n'ont pas été aussi assidues que je l'avais initialement prévu. J'ai quand même réussi je ne sais trop comment à être admissible.

À peine remise de ce premier trimestre, j'ai donc repris mon jonglage entre le travail, la vie de famille et les révisions, pour préparer mon oral mais aussi le concours externe (on ne met pas tous ses œufs dans le même panier). Des semaines bien remplies, donc...

Et là, nouveau rebondissement pour le moins inattendu, et qui est loin bien sûr de ne concerner que ma petite personne : la pandémie de coronavirus. J'avoue que je ne l'avais pas vue venir, celle-là. Entendons-nous bien, Glenn et moi sommes loin d'être les plus à plaindre. Nous avons une maison avec jardin, Glenn télétravaille et moi je suis... au chômage technique option garde d'enfant, je suppose. En tout cas mon salaire et mon poste restent assurés, ce qui malheureusement n'est pas le cas pour tout le monde. Et nous sommes tous en bonne santé, de même que notre entourage.

Mais le fait est que ça chamboule le quotidien. À l'heure actuelle, je n'ai aucune idée de la date à laquelle mes épreuves seront reportées. Je peux encore espérer passer l'oral interne, mais je ne sais pas du tout ce qu'il va en être pour le concours externe : on évoque des écrits en juin-juillet. Je serai déjà à sept ou huit mois de grossesse... Alors qu'en sera-t-il pour l'oral, si d'aventure je suis admissible ? Beaucoup d'incertitudes, donc. J'essaie malgré tout de m'armer de philosophie, même si je déteste naviguer à vue. Les choses se passeront comme elles se passeront. Je n'ai pas de prise dessus. Tout ce que je peux faire, c'est continuer d'essayer de mettre toutes les chances de mon côté.

Quelle place me reste-t-il donc pour investir ma grossesse avec tous ces événements, tous ces questionnements, toutes ces inquiétudes liées aussi à l'état du monde et à la manière dont nous ressortirons tous de cette crise exceptionnelle ? Bien peu, à vrai dire, surtout quand il y a un petit hippocampe dans les parages, lui-même sacrément demandeur d'attention.

Il y a tout de même le soir, quand je me couche, ou même quand je donne la tétée à mon hippocampe. De petits coups encore discrets mais qui s'affirment chaque jour un peu plus. Juste pour me rappeler que oui, il est bien là. Alors je prends quand même quelques instants pour caresser doucement mon ventre et envoyer à mon axolotl de tendres pensées.

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